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CLARA ZETKIN

chait à ce qu’il n’y eût rien de faux ou d’affecté, rien d’insincère, on tâchait de se comprendre et on se gardait une mutuelle affection.

Bien que je n’eusse guère jusque-là connu personnellement la camarade Kroupskaïa, je me sentis pourtant dès l’abord comme chez moi dans son « royaume », où elle me comblait d’attentions. Lorsque, peu après l’entrée de Lénine une grosse chatte apparut, accueillie par toute la famille avec des transports de joie, et qu’elle sauta sur l’épaule du « dictateur », puis s’installa sur ses genoux, j’aurais pu croire que j’étais chez moi, ou bien chez Rosa Luxembourg avec sa chatte « Mimi », qui est devenue pour les amis une figure historique.

Lénine nous trouva toutes les trois en train de causer. Il était question d’art, de culture et d’éducation.

Je disais justement quelle admiration enthousiaste j’éprouvais à voir le travail de Titans accompli par les bolchéviks dans le domaine culturel, à voir s’éveiller et s’essayer les forces créatrices qui allaient ouvrir des voies nouvelles à l’art et à l’éducation. En même temps, je ne dissimulais pas que j’avais eu l’impression d’une assez grande incertitude, d’une assez grande confusion ; on tâtonnait beaucoup, on faisait bien des tentatives diverses, et à côté de l’effort passionné, pour donner à la vie culturelle un contenu nouveau, des formes et des directions nouvelles, on pouvait voir aussi, à l’exemple de