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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/24

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LE BOUTE-CHARGE

— Veux-tu fumer ? Voici mon tabac.

Bientôt, j’étais entouré, pressé de questions.

— Comment vas-tu ?…

Question d’une admirable simplicité d’accueil, comme si celui qui me l’adressait m’eût connu depuis de longues années.

— Pourquoi t’engages-tu ?

— Que fais-tu ?

— Il ne faut pas t’ennuyer, tu sais !…

L’un quittait le casque qu’il polissait au moyen d’une baguette de fusil, assis en tailleur sur son lit, l’autre abandonnait la bride qu’il frottait, celui-ci laissait inachevée la lettre qu’il écrivait sur la table grossière de bois blanc équarri, celui-là fermait le traité d’hippologie qu’il lisait consciencieusement.

Et les poignées de main commençaient, à droite, à gauche.

Ému d’une des plus belles émotions que j’aie jamais éprouvées, je demeurais émerveillé de cette explosion d’inconsciente fraternité.

Déjà les craintes et les regrets s’envolaient à tire d’aile, et l’espoir me réchauffait l’âme.