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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/26

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LE BOUTE-CHARGE

Mais tout au fond de la vieille cité silencieuse et déserte, le quartier de cavalerie a déjà donné signe de vie. De minute en minute, il s’emplit d’une rumeur confuse qui n’est plus la lourde paix de la nuit, mais qui n’est pas encore le mouvement bruyant du jour : Écuries laissant échapper le murmure ininterrompu des chevaux qui sentent le foin, tirent la langue et secouent leurs chaînes, cavaliers en pantalon de toile et en bras de chemise revenant du magasin à fourrages, le dos chargé d’énormes bottes de paille ; ordonnances brossant et épongeant le cheval qu’ils doivent conduire à leur officier, ou franchissant la grille entr’ouverte, une paire de bottes luisantes à la main ; cantiniers nettoyant à grande eau leur voiture pour la manœuvre de tout à l’heure, hommes de corvée descendant retourner et border la litière ; marchandes de lait traversant la cour d’un pas allègre ; brigadier de garde conduisant le peloton des balayeurs ; prisonniers à mine défaite traînant mollement leur brouette ; tous ces mille bruits