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LE BOUTE-CHARGE

du petit jour font que le quartier a l’air de s’étirer en bâillant.

Dans les vastes dortoirs où les dragons sommeillent lourdement, le premier réveillé s’est accoudé sur son traversin, et s’est écrié :

— L’homme de chambre, au café !

Grosse question que celle de ce breuvage noirâtre. Les uns le traitent dédaigneusement de jus de chapeau, voire même de tisane de tabac. Les autres lui décernent les noms pompeux de Martinique ou de Moka. Mais tous sont également furieux lorsqu’il leur arrive d’être privés de ce quart fumant qui est comme un premier appel à leur gaîté matinale.

Aussi les cris redoublent bientôt.

— Au café ! au café !

— Qui est de chambre ?

— L’homme de chambre au café !

Celui qu’on désigne ainsi est préposé pour un jour à la propreté générale : balayer et arroser le plancher à certaines heures fixes, épousseter les râteliers d’armes, descendre les gamelles à la cuisine après les repas, veiller à