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LE BOUTE-CHARGE

Le café de « la Capitale » où les officiers entament de mélancoliques parties de domino, le café de « Normandie » où trônent les commis-voyageurs babillards, le café « de l’Industrie » où quelques bourgeois attardés achèvent de vider lentement leur chope au couvercle d’étain, jettent encore à travers les rideaux blancs de leurs devantures des zébrures de lumière jaune sur les trottoirs déserts. Mais bientôt, les estaminets deviennent muets. Les boutiques de sabots et de chicorée se ferment : et lorsque la trompe du veilleur mugit là-haut sur la grande tour de Saint-Sosthène pour annoncer aux bonnes gens que tout va bien, l’audacieux qui arpente encore la neige de la grande rue Van-der-Vild-Brück, attend presque, dans une sorte de résurrection des siècles morts, l’avertissement du crieur nocturne tournant, son falot à la main, le coin des ruelles étroites et noires.

Depuis longtemps, déjà, les dragons sont rentrés à leurs chambres, et après les bavardages autour du poêle qui ronfle, après les