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LE BOUTE-CHARGE

contorsions de croupe, se métamorphosait au trot, et steppait, superbe, une allure audacieuse. Et son galop ! Ce n’était plus un galop, mais une succession vertigineuse de bonds effrénés dans un envolement merveilleux des sabots, une trépidation des reins qui secouait le cavalier comme l’orage une feuille, un en-avant tempétueux, tandis que l’encolure allongeait démesurément sa maigreur, et que le nez menaçait le ciel ; on eût dit que, de son poitrail anguleux, il bousculait le vide, qu’il se lançait à l’escalade d’un Olympe imaginaire. Lorsque le capitaine mit pied à terre, brisé par cette course faite de heurts, Fend-l’Air n’avait pas un poil mouillé ; il se contenta de s’ébrouer et retomba dans son attitude inoffensive.

Il y avait donc dans ce nouveau venu des qualités hors ligne et un vice impardonnable. Son vice, c’était sa laideur, compliquée de raideur ; ses qualités, sa vitesse et sa vigueur étranges. Pas un officier ne voulut se montrer à la tête de son peloton en pareil équipage : tous le mirent à contribution pour un steeple ou