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LE BOUTE-CHARGE

puni ! Il me semblait que j’étais comme défloré, que je venais de perdre un droit idéal à je ne savais quelle blancheur immaculée du folio de mon livret. J’étais navré.

Depuis, j’ai mérité et subi bien des jours de consigne et de salle de police. Et il me revient à la mémoire un vieil adage de quartier sous l’écorce paradoxale duquel germe peut-être un grain de haute philosophie militaire : « Pour devenir bon cavalier, il faut avoir souvent mordu le sable du manège ; pour devenir bon soldat, il faut avoir dormi plus d’une fois sur les planches. »

Y a-t-il là simplement une pensée de consolation ? Y a-t-il réellement l’idée de l’influence des punitions sur le cerveau humain ? Je laisse aux penseurs le droit d’ajouter un chapitre à la psychologie : « De la nécessité des récompenses et des punitions dans la conduite des animaux, — hommes et chevaux. »

Toujours est-il que le soir, à huit heures, le trompette ayant sonné l’appel des consignés, j’allai en soupirant me constituer prisonnier,