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LE BOUTE-CHARGE

Pour le cavalier, c’est à volonté la boite, ou la malle, ou la petite malle par opposition avec la grosse qui est la prison ; ou bien encore l’ours, le clou, le trou, le bloc.

Il semble qu’il y a là une vraie superstition qui oblige les dragons à ne jamais employer le mot propre, sans doute par crainte de s’attirer la chose. Dans un autre ordre d’idées, c’est peut-être la même superstition qui poussait les anciens à remplacer le mot mourir par une périphrase.

Quoi qu’il en soit, — superstition ou simple désir de caricature, — les hommes n’emploient jamais le vocable officiel pour désigner la salle de police.

Pendant que je m’abandonne à mes rêveries, les prisonniers étendus côte à côte, la tête appuyée sur le sac à distributions qui sert d’oreiller, chantent ou causent bruyamment.

— Qu’as-tu fait, toi, Macabiou ?

— Moi ? c’est l’adjudant qui m’a allongé huit jours…, je ne me rappelle plus pourquoi.

— En voilà une rosse que cet adjudant !