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LE BOUTE-CHARGE

— Moi ? c’est l’officier : deux jours pour ne pas avoir astiqué ma bride, hier.

— Quel rossard que cet officier !

Et les commentaires vont leur train. Les officiers, les sous-officiers, les brigadiers sont passés en revue, jugés d’un mot et définitivement classés dans la catégorie des rossards ou des bons garçons.

Ah ! si les officiers pouvaient écouter ce qui se débite dans une nuit de clou ! Comme ils seraient étonnés d’entendre leurs actions, leurs gestes, leurs paroles minutieusement contrôlés et passés au crible d’un sévère examen. Comme ils seraient stupéfaits des aperçus humoristiques et satiriques de cette véritable gazette nocturne sur tous les événements du jour ! La décision du colonel y est discutée avec un aplomb imperturbable, en même temps que la valeur relative des consommations dans les trois cantines rivales. Ah ! s’ils entendaient !…

Mais ils savent tout ce qui peut se dire parmi ces hommes aigris par une punition. Ils savent que toute leur mauvaise humeur s’en ira en