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LE BOUTE-CHARGE

paroles, et que demain, à l’aurore, quand on les relâchera, ils ne penseront plus à leurs colères. Ils savent que toutes ces phrases dépitées sont fanfaronnades de gens qui se consolent de leur mieux.

Lorsqu’ils ont fini de pester contre celui-ci ou celui-là, qu’ils ont donné leur appréciation sur le cheval que monte le capitaine un tel, sur la manière de commander du lieutenant tel autre, tandis que quelques-uns s’endorment et commencent à ronfler, les enragés, ceux qui boudent la planche, se racontent en manière de vengeance les trucs merveilleux inventés par certains prisonniers pour dépister la surveillance des adjudants, leur bête noire.

J’ai entendu là des faits que le narrateur prétendait absolument authentiques et qui tiennent de la légende par certains côtés presque mystérieux. C’est là que j’ai écouté pour la première fois les exploits de Pornet.

Pornet était un petit voyou des Batignolles qui, las de tout travail, s’engagea à dix-huit ans, avec l’espoir de couler une vie pleine de dou-