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LE BOUTE-CHARGE

queur. Pourquoi ne réussirait-il pas où tant d’autres ont réussi ? Ne sent-il pas que les obstacles s’aplanissent et qu’il retient en une heure ce qu’il entassait autrefois dans sa tête au prix de plusieurs jours de bataille acharnée ?

À l’examen de fin d’année, Marc sera peut-être un des premiers ; il étonne le commandant par ses réponses précises, ses vues nettes sur le service en campagne. C’est dit : il est décidément premier. C’est une immense satisfaction pour lui que d’avoir pu égaler, puis dépasser des jeunes gens qui passent pour instruits. Aux nominations, il a ses galons de brigadier. Alors, il est pris d’une fierté nouvelle. Il n’est plus le dernier venu. Il commande à des hommes ; il donne des ordres. Il se sent quelqu’un… — quelqu’un de bien infime encore, perdu tout au fond de l’entonnoir social, à peine grimpé sur le premier échelon. Combien sont au-dessus de lui, mais combien d’autres au-dessous !

Brigadier, Marc se fait respecter des hommes de sa chambrée en leur donnant l’exemple de