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Page:Zola - Contes à Ninon, 1864.djvu/128

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LES VOLEURS ET L’ÂNE

enfants ; nous allons nous égayer en vieux camarades. Mais à la première querelle, je vous quitte. »

Les pauvres garçons se serraient donc la main avec chaleur, tout en s’envoyant au diable. C’étaient eux sans doute que nous venions de rencontrer.

Telle était mademoiselle Antoinette : pauvre cœur aimant égaré en pays de débauche et d’égoïsme ; douce et charmante fille qui avait failli être un ange et qui peu à peu devenait un diable, comme ses sœurs.

Je donnai à Léon ces détails. Il m’écouta sans témoigner un grand intérêt et sans provoquer mes confidences par la moindre question. Lorsque je me tus :

― Cette fille est trop franche, me dit-il ; je n’aime pas sa façon de comprendre l’amour.

Il avait tant cherché qu’il retrouvait son méchant sourire.



III


Nous étions enfin sortis des haies. La Seine coulait à nos pieds, et, sur l’autre rive, un village mirait ses pieds dans la rivière. Nous nous trouvions en pays de connaissance ; maintes fois nous avions rôdé dans les îles qui se jouaient au courant de l’eau.

Après un long repos sous un chêne voisin, Léon me déclara qu’il mourait de faim et de soif. J’allais lui déclarer que je mourais de soif et de faim. Alors nous