Page:Zola - Contes à Ninon, 1864.djvu/165

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
155
SŒUR-DES-PAUVRES

V


Il était fort tard, lorsque Sœur-des-Pauvres revint au logis. Guillaume et Guillaumette s’étaient endormis, las de colère et de menaces. Elle entra par la porte de l’étable, qui ne fermait qu’au loquet. Elle gagna vite son grenier, où elle trouva sa bonne amie la lune, si claire, si joyeuse, qu’elle paraissait connaître le bel emploi de la journée. Souvent le ciel nous remercie ainsi par de plus clairs rayons.

L’enfant se sentait grand besoin de repos. Mais, avant de se mettre au lit, elle voulut revoir le sou miraculeux, celui qui se trouvait au fond du sac. Il avait tant et si bien travaillé, qu’il méritait vraiment d’être baisé. Elle s’assit sur le coffre, elle se mit à vider la bourse, posant les poignées de monnaie à ses pieds. Un quart d’heure durant, elle tâcha d’atteindre le fond ; le tas lui montait aux genoux, et alors elle désespéra. Elle voyait bien qu’elle emplirait le grenier, sans avancer en rien la besogne. Fort embarrassée, elle ne trouva rien de mieux que de tourner lestement le petit sac à l’envers. Il y eut un éboulement de gros sous prodigieux ; la mansarde en fut, du coup, pleine au trois quarts. Le sac était vide.

Cependant, à ce bruit, Guillaume s’éveilla. Le cher homme, bien qu’il n’eût pas ouï dans son sommeil l’é-