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Page:Zola - Contes à Ninon, 1864.djvu/202

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AVENTURES DU GRAND SIDOINE



III

léger aperçu sur les momies


Ce n’est pas Sidoine qui aurait jamais sollicité un ministre des travaux publics pour l’établissement de ponts et de routes. Il marchait d’ordinaire à travers champs, s’inquiétant peu des fossés et encore moins des coteaux ; il professait un dédain profond pour les coudes des sentiers frayés. Le brave enfant faisait de la géométrie sans le savoir, car il avait trouvé, à lui tout seul, que la ligne droite est le plus court chemin d’un point à un autre.

Il traversa ainsi une douzaine de royaumes, ayant soin de ne pas poser le pied au beau milieu de quelque ville, ce qu’il sentait devoir déplaire aux habitants. Il enjamba deux ou trois mers, sans trop se mouiller. Quant aux fleuves, il ne daigna pas même se fâcher contre eux, les prenant pour ces minces filets d’eau dont la terre est sillonnée après une pluie d’orage. Ce qui l’amusa prodigieusement, ce furent les voyageurs qu’il rencontra ; il les voyait suer le long des montées, aller au nord pour revenir au midi, lire les poteaux au bord des routes, se soucier du vent, de la pluie, des ornières, des inondations, de l’allure de leurs chevaux. Il avait vaguement conscience du ridi-