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ET DU PETIT MÉDÉRIC

cule de ces pauvres gens qui s’en vont de gaieté de cœur risquer une culbute dans quelque précipice, lorsqu’ils pourraient demeurer si tranquillement assis à leur foyer.

— Que diable ! aurait dit Médéric, quand on est ainsi bâti, on reste chez soi.

Mais pour l’instant, Médéric ne regardait pas sur la terre. Au bout d’un quart d’heure de marche, il désira cependant reconnaître les lieux où ils se trouvaient. Il mit le nez dehors, et se pencha sur la plaine ; il se tourna aux quatre points du monde, et ne vit que du sable, qu’un immense désert emplissant l’horizon. Le site lui déplut.

— Seigneur Jésus ! se dit-il, que les gens de ce pays doivent avoir soif ! J’aperçois les ruines d’un grand nombre de villes, et je jurerais que les habitants en sont morts, faute d’un verre de vin. Sûrement, ce n’est pas là le Royaume des Heureux ; mon ami le bouvreuil me l’a donné comme fertile en vignobles et en fruits de toutes espèces ; il s’y trouve même, a-t-il ajouté, des sources d’une eau limpide et fraiche, excellente pour rincer les bouteilles. Cet écervelé de Sidoine nous a certainement égarés.

— Hé ! mon mignon ! cria-t-il, où vas-tu ?

— Pardieu ! répondit Sidoine sans s’arrêter, je vais devant moi.

— Vous êtes un sot, mon mignon, reprit Médéric. Vous avez l’air de ne pas vous douter que la terre est