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ET DU PETIT MÉDÉRIC

ronne, reconnaître ton dévouement à notre cause, et nous remercions la Providence de pouvoir le faire d’une façon digne de tes exploits. Je le sens, une telle circonstance demanderait un discours en une langue savante, sanscrite, hébraïque, grecque, ou tout au moins latine ; mais que la nécessité où je me trouve d’improviser, et que la certitude de pouvoir réparer plus tard ce manque de convenances, me servent d’excuses auprès de toi.

Le vieillard fit une pause.

— Je savais bien, songeait Médéric, que mon mignon avait des poings de roi.



V

le discours de Médéric


— Seigneur Géant, continua le prince des orateurs, il me reste à t’apprendre ce que la nation a résolu et quelles preuves d’aptitude à la royauté elle te demande, avant de te porter au trône. Elle est lasse d’avoir pour maîtres des gens qui ressemblent en tous points à leurs sujets, ne pouvant donner le moindre coup de poing sans s’écorcher, ni prononcer tous les trois jours un discours de longue haleine sans mourir de phtisie au bout de quatre à cinq ans. Elle veut, en un mot, un roi qui l’amuse, et elle est persuadée que, parmi les agré-