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Page:Zola - Contes à Ninon, 1864.djvu/247

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ET DU PETIT MÉDÉRIC

trouva mieux qu’une poignée de sous, je veux dire qu’il trouva un morceau de sucre. Mon héros étant fort gourmand de sa nature, cette trouvaille n’a rien qui doive t’étonner. Je tiens à te faire remarquer comme les détails de ce récit arrivent naturellement et portent un haut caractère de véracité.

Médéric, tenant le morceau de sucre entre deux doigts, le montra au chien, qui ouvrit la gueule sans façons. Alors l’assiégé descendit doucement. Quand il fut près de terre, il laissa tomber la proie ; le chien la happa au passage, donna un coup de gosier, ne se lécha même pas et se précipita sur Médéric.

— Ah ! brigand ! s’écria celui-ci en remontant vivement sur sa branche, tu manges mon sucre et tu veux me mordre ! Allons, ton éducation a été soignée, je le vois, et tu es bien le fidèle élève de l’égoïsme de tes maîtres : rampant devant eux et toujours affamé de la chair des passants.



VII

Où Sidoine devient bavard


Il allait continuer sur ce ton, lorsqu’il entendit derrière lui s’élever un bruit sourd, semblable au roulement lointain d’une cataracte. Pas un souffle de vent n’agitait les feuilles, et la rivière voisine coulait avec