autres mondes, qu’en fait-on ? Si l’œuvre a un but, toute l’œuvre ne sera-t-elle pas employée à atteindre ce but ? Nous, les infiniment petits, apprenons l’astronomie pour savoir quelle place nous tenons dans l’infini. Regarde le ciel, mon mignon, regarde-le bien. Tout géant que tu es, tu as au-dessus de ta tête l’immensité avec ses mystères ; et, si jamais il te prenait la malencontreuse idée de philosopher sur ton principe et sur ta fin, cette immensité t’empêcherait de conclure.
— Mon frère Médéric, vulgariser est un joli jeu. J’aimerais à apprendre la raison du jour et de la nuit. Voilà d’étranges phénomènes auxquels je n’avais jamais songé.
— Mon mignon, il en est de même de toutes choses. Nous les voyons sans cesse et nous n’en savons pas le premier mot. Tu me demandes ce que c’est que le jour ; je n’ose te vulgariser cette grave question de physique. Sache seulement que les savants ignorent, comme toi, la cause de la lumière ; chacun d’eux s’est fait une petite théorie à l’appui de son raisonnement, et le monde n’en est ni plus ni moins éclairé. Mais je puis tenter, pour mon plus grand honneur, une vulgarisation du phénomène de la nuit. Avant tout, apprends que la nuit n’existe pas.
— La nuit n’existe pas, mon frère Médéric : cependant je la vois.
— Eh ! mon mignon, ferme les yeux et écoute-moi. Ne le sais-tu pas ? seule, l’intelligence de l’homme