Comme elle s’arrêtait une seconde, je saisis sa main et la baisai. Elle leva la tête et me sourit vaguement, sans chercher à retirer ses doigts. Me voyant rester muet, l’émotion me serrant à la gorge, elle haussa les épaules et reprit sa marche rapide.
Je courus à elle et l’accompagnai, mon bras serré à sa taille. Elle eut un rire silencieux ; puis frissonna et dit à voix basse :
— J’ai froid : marchons vite.
Pauvre ange, elle avait froid. Sous le mince châle noir, ses épaules tremblaient au vent frais de la nuit. Je l’embrassai sur le front et lui demandai doucement :
— Me connais-tu ?
Une troisième fois elle leva les yeux, et sans hésiter :
— Non, me répondit-elle.
Je ne sais quel rapide raisonnement se fit dans mon esprit. À mon tour je frissonnai.
— Où allons-nous ? lui demandai-je de nouveau.
Elle haussa les épaules, avec une petite moue d’insouciance, et me dit de sa voix d’enfant :
— Mais où tu voudras, chez moi, chez toi, peu importe.