Page:Zola - Fécondité.djvu/204

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au bord du lit, l’examinant de près, lui baisant les yeux.

— « Voyons, regarde-moi, que je sache… Ça n’est pas encore trop violent, tu ne souffres pas trop, n’est-ce pas ? »

Elle continuait de sourire, luttant à ce moment même contre une vive tranchée ; et, quand elle put parler enfin :

— « Je t’assure que non ! Ça va le mieux du monde. Il faut être raisonnable puisque c’est un moment dur à passer… Embrasse-moi bien fort, bien fort, pour me donner du courage, et ne t’apitoie plus sur moi, parce que tu me ferais pleurer. »

Des larmes, malgré elle, montaient à ses yeux, dans son sourire. Il la saisit passionnément, délicatement, il la fit sienne, d’une longue étreinte, à demi nue, sentant contre sa chair toute cette pauvre chair douloureuse et palpitante, secouée du frisson sacré de l’enfantement.

— « Ah ! femme, femme adorée, tu as raison, il faut être gai, il faut espérer ! C’est tout mon sang que je voudrais mettre en toi, pour souffrir avec toi ; et que du moins mon amour te soit une confiance et une force ! »

Ils confondirent leurs baisers, un attendrissement profond les pacifia, les fit rire et plaisanter de nouveau. Elle-même, comme si cette bonne émotion l’avait calmée, cessa de souffrir, dans une de ces accalmies qui précèdent les grosses crises. Elle en vint à croire qu’elle s’était trompée peut-être. Aussi lui conseilla-t-elle, quand il aurait tout mis en ordre, de se rendre à son bureau, ainsi que d’habitude. Il s’y refusa, il enverrait prévenir. Alors, pendant qu’il faisait sa toilette, après avoir rangé son lit, ils causèrent des dispositions à prendre. La bonne irait tout de suite chercher la garde, une femme du quartier, retenue depuis quinze jours. Mais, d’abord, elle habillerait les enfants, dont on commençait à entendre