Page:Zola - Fécondité.djvu/205

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le joyeux vacarme, dans la chambre voisine. Il était convenu que, le jour des couches, on mènerait les quatre diables passer la journée chez les Beauchêne, Constance ayant dit, obligeamment, que son petit Maurice, ce jour-là, leur offrirait à déjeuner. Le gros ennui était que le docteur Boutan se trouvait, la veille au soir encore, près de Mme Séguin, qui, depuis vingt-quatre heures, se débattait dans d’atroces souffrances, sans avoir pu être délivrée. Ainsi, la crainte des deux femmes se réalisait, elles accouchaient le même jour. Et quelle complication, si ce n’était pas fini chez les Séguin, si le docteur ne pouvait quitter la malheureuse Valentine, dont ils n’avaient pas eu de bonnes nouvelles, le soir, vers onze heures quand ils s’étaient couchés !

— « Je vais y aller, dit Mathieu. Je saurai bien où ils en sont et je ramènerai Boutan. »

Quand huit heures sonnèrent, tout se trouva organisé. La garde était déjà là, s’occupant, préparant les choses. Les enfants, habillés, attendaient qu’on les conduisît chez leur petit ami Maurice, de l’autre côté du jardin. Rose, après avoir embrassé sa mère, s’était mise à pleurer, sans pouvoir dire pourquoi, voulant rester, mais Blaise, Denis et Ambroise, les trois garçons, l’emmenèrent, en lui expliquant qu’elle était bête, qu’il fallait laisser maman aller au marché toute seule, si c’était ce jour-là qu’elle devait y acheter le petit frère, dont on leur avait annoncé la venue prochaine. Et ils recommençaient à jouer, à crier et à taper des pieds, dans le salon, lorsqu’il y eut un brusque coup de sonnette.

— « C’est peut-être le docteur ! » s’écria Mathieu, resté près de Marianne, et qui se hâta de descendre.

Mais, dans le vestibule, il se trouva en face de Morange et de sa fille Reine. D’abord, il ne put voir son visage, il ne s’étonna que d’une visite si matinale, tellement inattendue, qu’il ne songea pas à cacher sa surprise.