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Page:Zola - Fécondité.djvu/309

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— L’enfant est tout chétif, répéta la meneuse plus mollement.

— Oh ! ça, je m’en doute. Tout de même, je voudrais voir les ordonnances du médecin, et le savon, et le sucre… Moi, tu sais, je m’en fiche. Cette petite Mme Menoux, bonjour, bonsoir, et c’est tout. Elle a ses affaires, j’ai les miennes… C’est comme toi, tu as tes affaires, tant mieux si tu en tires ce que tu peux. »

Mais la Couteau changea la conversation, en lui demandant si elle n’avait pas une goutte de quelque chose à boire, parce que les voyages de nuit lui mettaient l’estomac à l’envers. Et Céleste rieuse, sortit d’un bas d’armoire une bouteille de malaga entamée et une boîte de biscuits. C’était sa cachette, des provisions volées à l’office.

Puis, sur la crainte exprimée par la meneuse que sa dame ne les surprît, elle eut un geste d’injurieux dédain. Ah ! bien ! oui elle avait le nez dans ses cuvettes et dans ses petits pots, la dame ! Pas de danger qu’elle l’appelât, avant de s’être fait un tas de sales histoires pour rester belle.

« Il n’y a que les enfants à craindre, leur Gaston et leur Lucie des mômes qu’on a toujours sur le dos, parce que les parents, qui ne s’occupent guère d’eux, les laissent, du matin au soir, venir jouer ici ou à la cuisine… Avec ça, je n’ose pas fermer cette porte, de peur qu’ils ne tapent dedans à coups de pied et à coups de poings.

Quand elle eut jeté un regard de précaution dans le couloir, et qu’elles se furent toutes deux attablées, elles ne tardèrent pas à s’échauffer, à lâcher librement le fond de leur cœur. Elles en arrivèrent à la tranquille impudence, à l’inconsciente abomination de tout dire. Céleste, en buvant à petits coups son malaga demandait des nouvelles du pays, et la Couteau ne mentait plus, disait maintenant la vérité brutale entre deux biscuits. C’était