Page:Zola - Fécondité.djvu/311

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— Ah ! non, par exemple ! cria Céleste, révoltée. J’ai été pincée deux fois, je prends trop bien mes précautions, maintenant.

— C’est une supposition. Tu en aurais encore un, je te dirais : « Ma fille, ne le mettons pas chez la Couillard, il ne faut jamais tenter le bon Dieu. » Après tout, nous sommes deux honnêtes femmes, n’est-ce pas ? et moi, je m’en lave les mains, car, si je les amène, ces chérubins, ce n’est pas moi qui les nourris. Quand on a sa conscience pour soi, on dort tranquille.

— Évidemment » conclut Céleste d’un air de profonde conviction.

Et, tandis qu’elles s’attendrissaient ainsi, en achevant leur malaga, une vision rouge se levait, l’effroyable Rougemont, au cimetière pavé de petits Parisiens, le village immonde et sanglant, tel qu’un charnier de lâche assassinat, dont le clocher surgissait paisible, sur l’horizon des vastes plaines. Mais il y eut, le long du couloir, un bruit de galop, et la femme de chambre se précipita, pour renvoyer Gaston et Lucie qui accouraient.

« Allez-vous-en ! Je ne veux pas de vous, votre maman vous défend de venir ici. »

Puis, elle reparut, furieuse.

« C’est vrai, ça ! Je ne puis rien dire ni rien faire, sans qu’ils soient dans mes jambes. Qu’ils aillent un peu avec la nourrice !

— À propos, reprit la Couteau, as-tu su qu’il était mort aussi, le petit de Marie Lebleu ? On a dû lui écrire. Un si bel enfant ! c’est un vent qui souffle, que veux-tu ! Et puis, enfant de nourrice, enfant de sacrifice.

— Oui, elle m’a dit qu’on lui avait écrit ça. Mais elle ma suppliée de ne pas le raconter à Madame, parce que ça fait toujours un vilain effet. Au fond, elle s’en fiche, puisqu’elle a son lait maintenant. La punition, là-dedans,