Page:Zola - Fécondité.djvu/425

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d’agronomie, l’homme et la femme ont failli me battre. Ils rêvent d’en faire un monsieur. »

Enfin, l’affaire était manquée, et Séguin ne s’en consolait pas, car il devait renoncer à voir Mathieu, cette année-là, prendre d’autres terres, en dehors des derniers marais du plateau, vers l’ouest. D’ailleurs, l’acte de cession était prêt, ils échangèrent les signatures. Et il resta deux lots encore, d’une part près de cent hectares de bois, du côté de Lillebonne, de l’autre toutes les landes, jusqu’à Vieux-Bourg, que l’enclave des Lepailleur coupait des terrains pauvres, acquis déjà.

« Je vous aurais fait de meilleures conditions, vous y auriez gagné, répéta Séguin que le besoin d’argent pressait. Mais vous êtes un sage, je sais que je ne vous déciderai pas, si vous avez résolu d’attendre, de n’obéir qu’aux nécessités des lendemains de victoire… Bonne chance donc, c’est mon intérêt. »

Leurs rapports avaient toujours été très corrects, un peu âpres, et ils échangeaient une poignée de main, lorsque la porte s’ouvrit, sans qu’un domestique prît la peine d’annoncer.

« Tiens ! c’est vous, dit tranquillement le maître de la maison. Je vous croyais à la répétition générale de votre ami Maindron. »

Santerre entrait, souriant de son sourire un peu las d’homme habile que la fortune avait comblé. Il était fort engraissé, engorgé par le succès, avec ses beaux yeux bruns restés caressants, avec sa barbe toujours soignée, qui cachait sa bouche mauvaise. Le premier, il avait senti la faillite prochaine des romans d’alcôve, des aventures de garçonnières, et il était allé rejoindre Valentine dans sa toquade religieuse, écrivant maintenant des histoires ou il y avait des conversions, où triomphait l’esprit d’autorité catholique, que restaurait la mode. Cela, d’ailleurs, n’avait fait qu’accroître son mépris du troupeau humain.