Page:Zola - Fécondité.djvu/657

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pourrir sous la mousse… Et c’est mieux encore une bonne machine à vapeur que je voudrais là, avec un bout de voie ferrée qui relierait le moulin à la station de Janville. »

Il continua, expliqua toute son idée, pendant que Grégoire l’écoutait, égayé de nouveau, prenant la chose en plaisanterie.

« Alors, père, finit-il par dire, toi qui veux que j’aie absolument un métier, c’est chose faite. Si j’épouse Thérèse, me voilà meunier. »

Surpris, Mathieu se récria.

« Non, non ! je cause… Tu m’as promis d’être raisonnable, mon garçon. Encore une fois, pour notre paix à tous, laisse Thérèse tranquille, car nous n’avons à espérer des Lepailleur que des tourments. »

Ils rentraient à la ferme, la conversation cessa. Le soir, le père dit l’aveu du garçon à la mère, ce qui inquiéta celle-ci davantage, car elle non plus n’était pas rassurée. Pourtant, il s’écoula un mois encore sans événements graves.

Puis, un matin, Marianne fut surprise de trouver la chambre de Grégoire vide. Il venait l’embrasser d’habitude. Peut-être s’était-il levé de grand matin, pour quelque promenade aux environs. Un léger frisson la saisit, lorsqu’elle se rappela la manière émue dont il l’avait reprise à deux fois dans ses bras, la veille, en affectant de plaisanter, au moment de se mettre au lit. Et, comme elle cherchait, elle aperçut sur la cheminée une lettre à son adresse, une gentille lettre où le garçon s’excusait de lui faire un gros chagrin, la priant de l’excuser près de son père, ne donnant d’ailleurs d’autre détail que la nécessité où il était de les quitter pendant quelque temps. Ce fut pour le ménage un coup très douloureux, ce déchirement dans une famille si unie, cette vilaine action du plus gâté de leurs enfants, le premier