Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/289

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gagné la fenêtre, je l’ai ouverte. Le temps était beau.

Je me suis accoudé à la barre de bois, & j’ai regardé le carré jaune, en face. Les taches allaient & venaient avec rapidité, s’effaçant pour grandir encore. Jamais les ombres n’avaient été aussi lestes, aussi ironiques ; elles paraissaient se plaire à une danse railleuse, à une débauche de formes inexplicables voulant achever ma raison. C’était un pêle-mêle inexprimable, un amas de têtes, de cous, d’épaules, qui roulait sur lui-même, comme haché, secoué à coups de fléau. Puis, soudain, à l’instant où je souriais amèrement, ne cherchant plus à comprendre, il s’est fait une paix suprême dans ces masses sombres & agiles ; les taches ont eu un dernier saut, deux profils se sont dessinés, énormes, énergiques, se détachant avec netteté & vigueur. On eût dit que, lasses de me tourmenter, les ombres avaient voulu se révéler enfin ; elles