Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/290

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étaient là, noires, puissantes, d’une vérité & d’une insolence superbes. J’ai reconnu Laurence & Jacques, démesurés, dédaigneux. Les deux profils se sont approchés l’un de l’autre avec lenteur, & ils se sont unis en un baiser.

Je n’avais pas quitté mon sourire. J’ai senti en moi une sorte d’arrachement suivi d’un bien-être subit. Mon cœur, dans une pulsation énorme, a chassé tout l’amour qui l’étouffait, & l’amour s’en est allé par mes veines, me causant une dernière brûlure. J’ai eu cette sensation d’angoisse que le patient éprouve entre les mains de l’opérateur : j’ai souffert pour ne plus souffrir.

Enfin, les ombres parlaient, elles me donnaient une certitude. J’avais la vérité écrite là, devant moi, sur la muraille ; je savais ce que je cherchais à deviner depuis bien des jours, je regardais fixement ces deux têtes noires qui s’embrassaient dans le carré de lumière jaune.