Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/29

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des anges & des aubépines en fleur.

J’ai la sainte gaieté du travail. Ah ! que j’étais fou d’être triste & que je me trompais en me croyant pauvre & seul ! Je ne sais plus ce qui me désolait. Hier, je crois, ma chambre était laide ; elle me sourit aujourd’hui. Je sens autour de moi des amis que je ne vois pas, mais qui sont en grand nombre & qui tous me tendent la main. Leur foule me cache les murs de mon réduit.

Va, pauvre petite table, lorsque la désespérance me touchera de son aile, je viendrai toujours m’asseoir devant toi & m’accouder sur la feuille blanche où mon rêve ne se fixe qu’après m’avoir rendu le sourire.

Hélas ! il me faut cependant une ombre de réalité. Je me surprends parfois inquiet, souhaitant une joie dont je n’ai pas conscience. Alors, j’entends comme une vague plainte de mon cœur : il me dit qu’il a toujours froid, toujours faim, &