Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/297

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tu me joindras les mains & tu me feras répéter les mots qu’on apprend aux enfants, dans les villages. Je demanderai à Dieu qu’il ne te fasse plus pleurer.

Moi, frémissant, navré, je priais pour Marie, je priais pour moi. Je trouvais au fond de mon être des paroles de plainte & d’adoration, & je les disais une à une sans remuer les lèvres. Je suppliais le ciel d’être miséricordieux, de nous faciliter la mort, d’endormir cette enfant dans son extase, dans son ignorance. Et, tandis que je priais, Marie, sans voir que je cherchais un Dieu, me serrait le cou avec plus de force, se penchant sur mon visage.

— Écoute, Claude, me disait-elle, je me lèverai demain, je mettrai une robe blanche, & nous nous en irons de cette maison. Tu chercheras une petite chambre où nous nous enfermerons tout seuls. Jacques ne veut plus de moi, je le vois bien, parce que je suis trop faible, trop blanche. Toi, tu as le cœur bon ; tu me