Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/300

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battre maintenant, & ils sont cloués dans leur cercueil. Marie s’en allait, blanche & vierge, étonnée, frissonnante, comprenant peut-être qu’elle mourait avant d’avoir connu la vie. J’aurais voulu qu’elle emportât avec elle Laurence qui n’avait plus rien à apprendre, ayant usé toutes les voluptés. Elles seraient descendues toutes deux dans l’inconnu, du même pas, également souillées, également innocentes, filles de Dieu meurtries par les hommes.

J’ai soutenu le front de Marie que l’agonie courbait.

— Où est Jacques ? m’a-t-elle demandé.

— Jacques, ai-je répondu, est dans sa chambre avec Laurence. Ils s’embrassent. Nous sommes seuls.

— Seuls ! Laurence ne vit plus avec toi, Claude ?

— Non. Elle m’a quitté pour Jacques. Nous sommes seuls.

Elle a frotté doucement ses mains l’une contre l’autre.