Page:Zola - La Confession de Claude (Charpentier 1893).djvu/41

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Ainsi, la première gorge nue me retenait palpitant d’une émotion que je ne saurais définir.

Et c’était une poitrine meurtrie des caresses de tous où se posaient mes yeux ! Ah ! lorsque aujourd’hui je songe à cette nuit fatale, à cette extase effrayée qui retenait mon souffle, lorsque je me revois penché sur cette infâme couche, inquiet & rougissant, je me demande avec angoisse qui me rendra ce premier regard pour aller rougir & me pencher sur la couche d’une vierge ! Je me demande qui me rendra l’instant où le voile tombe des épaules de l’amante, où l’amant comprend d’un regard & s’incline, ébloui de connaître ! J’ai bu l’ivresse dans une coupe souillée ; je ne saurai jamais quelle splendeur a le sein d’une vierge pour des yeux ignorants encore.

La fille s’est éveillée & m’a souri sans paraître étonnée de me trouver auprès d’elle. Ce sourire était vague, comme