voitures d’équipages militaires, du matériel pour quatre-vingt-cinq batteries…
Et il continua, donnant les détails : le maréchal Bazaine, enfermé dans Metz avec l’armée, réduit à l’impuissance, ne faisant aucun effort pour rompre le cercle de fer qui l’enserrait ; ses rapports suivis avec le prince Frédéric-Charles, ses troubles et hésitantes combinaisons politiques, son ambition de jouer un rôle décisif qu’il ne semblait pas avoir bien déterminé lui-même ; puis, toute la complication des pourparlers, des envois d’émissaires, louches et menteurs, à M. de Bismarck, au roi Guillaume, à l’impératrice régente, qui, finalement, devait refuser de traiter avec l’ennemi, sur les bases d’une cession de territoire ; et la catastrophe inéluctable, le destin achevant son œuvre, la famine dans Metz, la capitulation forcée, les chefs et les soldats réduits à accepter les dures conditions des vainqueurs. La France n’avait plus d’armée.
— Nom de Dieu ! jura sourdement Jean, qui ne comprenait pas tout, mais pour qui, jusque-là, Bazaine était resté le grand capitaine, l’unique sauveur possible. Alors, quoi, qu’est-ce qu’on va faire ? qu’est-ce qu’ils deviennent, à Paris ?
Le docteur, justement, passait aux nouvelles de Paris, qui étaient désastreuses. Il fit remarquer que le journal portait la date du 5 novembre. La reddition de Metz était du 27 octobre, et la nouvelle n’en avait été connue à Paris que le 30. Après les échecs subis déjà à Chevilly, à Bagneux, à la Malmaison, après le combat et la perte du Bourget, cette nouvelle avait éclaté en coup de foudre, au milieu de la population désespérée, irritée de la faiblesse et de l’impuissance du gouvernement de la défense nationale. Aussi, le lendemain, le 31 octobre, toute une insurrection avait-elle grondé, une foule immense s’étouffant sur la place de l’Hôtel-de-Ville, envahissant les salles, retenant prisonniers les membres du gouverne-