Page:Zola - La Faute de l'abbé Mouret.djvu/292

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II


L’abbé Mouret, en soutane, la tête nue, était revenu s’agenouiller au pied de l’autel. Dans la clarté grise tombant des fenêtres, sa tonsure trouait ses cheveux d’une tache pâle, très-large, et le léger frisson qui lui pliait la nuque, semblait venir du froid qu’il devait éprouver là. Il priait ardemment, les mains jointes, si perdu au fond de ses supplications, qu’il n’entendait point les pas lourds de la Teuse, tournant autour de lui, sans oser l’interrompre. Celle-ci paraissait souffrir, à le voir écrasé ainsi, les genoux cassés. Un moment, elle crut qu’il pleurait. Alors, elle passa derrière l’autel, pour le guetter. Depuis son retour, elle ne voulait plus le laisser seul dans l’église, l’ayant un soir trouvé évanoui par terre, les dents serrées, les joues glacées, comme mort.

— Venez donc, mademoiselle, dit-elle à Désirée, qui allongeait la tête par la porte de la sacristie. Il est encore là, à se faire du mal… Vous savez bien qu’il n’écoute que vous.

Désirée souriait.