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Page:Zola - La Faute de l'abbé Mouret.djvu/91

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XIII


Dans l’église, l’abbé Mouret trouva une dizaine de grandes filles, tenant des branches d’olivier, de laurier, de romarin. Les fleurs de jardin ne poussant guère sur les roches des Artaud, l’usage était de parer l’autel de la Vierge d’une verdure résistante qui durait tout le mois de mai. La Teuse ajoutait des giroflées de muraille, dont les queues trempaient dans de vieilles carafes.

— Voulez-vous me laisser faire, monsieur le curé ? demanda-t-elle. Vous n’avez pas l’habitude… Tenez, mettez-vous là, devant l’autel. Vous me direz si la décoration vous plaît.

Il consentit, et ce fut elle qui dirigea réellement la cérémonie. Elle était montée sur un escabeau ; elle rudoyait les grandes filles qui s’approchaient tour à tour, avec leurs feuillages.

— Pas si vite, donc ! Vous me laisserez bien le temps d’attacher les branches. Il ne faut pas que tous ces fagots tombent sur la tête de monsieur le curé… Eh bien ! Babet,