Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/121

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porter le défunt sur la vieille civière de bois noir. Comme on va partir enfin, Jacquinet accourt et crie que le trou n’est pas fini, mais qu’on peut venir tout de même.

Alors, le prêtre marche le premier, en lisant du latin dans un livre. Le petit clerc qui le suit, tient un vieux bénitier de cuivre bossué, dans lequel trempe un goupillon. C’est seulement au milieu du village qu’un autre enfant sort de la grange où l’on dit la messe tous les quinze jours, et prend la tête du cortège, avec une croix emmanchée au bout d’un bâton. La famille est derrière le corps ; peu à peu, tous les gens du village se joignent à elle ; une queue de galopins, nu-tête, débraillés, sans souliers, ferme la marche.

Le cimetière se trouve à l’autre bout de la Courteille. Aussi les deux voisins lâchent-ils la civière à trois reprises ; ils soufflent, pendant que le convoi s’arrête ; et l’on repart. On entend le piétinement des sabots sur la terre dure. Quand on arrive, le trou, en effet, n’est pas terminé ; le fossoyeur est encore dedans, et on le voit qui s’enfonce, puis qui reparaît, régulièrement, à chaque pelletée de terre.

Une simple haie entoure le cimetière. Des ronces ont poussé, où les gamins viennent, les