Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/168

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venir chercher d’une minute à l’autre. Et ce mort qui était là, cet amant qu’elle avait tué et qui lui retombait sur les épaules, avec le poids écrasant de leur faute !

Alors, étourdie par la clameur qui grandissait sous son crâne, elle se leva et se mit à tourner dans la chambre. Elle cherchait un trou où jeter ce corps qui maintenant lui barrait l’avenir, regardait sous les meubles, dans les coins, toute secouée du tremblement enragé de son impuissance. Non, il n’y avait pas de trou, l’alcôve n’était pas assez profonde, les armoires étaient trop étroites, la chambre entière lui refusait une aide. Et c’était là, pourtant, qu’ils avaient caché leurs baisers ! Il entrait avec son petit bruit de chat vicieux et partait de même. Jamais elle n’aurait cru qu’il pût devenir si lourd.

Thérèse piétinait encore, battait toujours la chambre avec la folie dansante d’une bête traquée, lorsqu’elle crut avoir une inspiration. Si elle jetait Colombel par la fenêtre ? Mais on le trouverait, on devinerait bien d’où il était tombé. Cependant, elle avait soulevé le rideau pour regarder la rue ; et, tout d’un coup, elle aperçut le jeune homme d’en face, l’imbécile qui jouait de la flûte, accoudé à sa fenêtre, avec son air de chien soumis. Elle connais-