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Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/179

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minute, aussitôt le paquet jeté à la rivière. Et, fou, secoué par une crise nerveuse, il mordait le corset de satin, il roulait sa tête dans l’étoffe, pour étouffer ses sanglots de désir.

Dix heures sonnèrent. Il écouta. Il croyait être là depuis des années. Alors, il attendit dans l’hébétement. Ayant rencontré sous sa main du pain et des fruits, il mangea debout, avidement, avec une douleur à l’estomac qu’il ne pouvait apaiser. Cela le rendrait fort, peut-être. Puis, quand il eut mangé, il fut pris d’une lassitude immense. La nuit lui semblait devoir s’étendre à jamais. Dans l’hôtel, la musique lointaine se faisait plus claire ; le branle d’une danse secouait par moments le parquet ; des voitures commençaient à rouler. Et il regardait fixement la porte, lorsqu’il aperçut comme une étoile, dans le trou de la serrure. Il ne se cacha même pas. Tant pis, si quelqu’un entrait !

— Non, merci, Françoise, dit Thérèse, en paraissant avec une bougie. Je me déshabillerai bien toute seule… Couche-toi, tu dois être fatiguée.

Elle repoussa la porte, dont elle fit glisser le verrou. Puis, elle resta un instant immobile, un doigt sur les lèvres, gardant à la main le bougeoir. La danse n’avait pas fait monter une rougeur à