Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/203

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

à ânes, des dîners sur l’herbe ; les promeneurs s’y perdent pour tout de bon, et l’on parle d’organiser des battues, quand il s’agit de les retrouver. Certes, les choses ont changé aujourd’hui. Les ânes font place aux équipages du Paris élégant. On peut encore dîner sur l’herbe, mais on est regardé de travers par les gardiens. Quant à se perdre, il faudrait y mettre de la bonne volonté, car on a nettoyé les fourrés, coupé les taillis, percé des avenues, transformé les clairières en pelouses. La fameuse mare d’Auteuil, dont Paul de Kock parle comme d’un site reculé et sauvage, semble à cette heure être la voisine aristocratique du bassin des Tuileries.

Mais le coin de prédilection du romancier, la banlieue où il ramène toujours ses héros, c’est Romainville. On est là aux portes de Paris, on peut faire cette promenade à pied, en suivant la grande rue de Belleville. Aller à Romainville autrefois était pourtant une plus grosse affaire que d’aller aujourd’hui à Mantes ou à Fontainebleau. Et quels changements encore de ce côté ! Paul de Kock parle avec attendrissement d’une véritable forêt de lilas. La forêt a été rasée, pour laisser passer Paris, qui avance toujours ; on ne trouve plus qu’une vaste plaine nue, où de laides constructions ont