Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/210

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matinale, nous étions seuls, parmi les servantes affairées, tuant les lapins et plumant les poulets pour le soir. Ah ! que les œufs frais étaient bons, dans ce réveil des beaux dimanches printaniers !

Quand nous repartions, il commençait à faire chaud. Nous nous hâtions, laissant Robinson sur notre droite. Il nous fallait traverser d’immenses champs de fraises, avant d’arriver à Aulnay. Après les roses, les fraises. C’est la culture du pays, avec les violettes. On y vend les fraises à la livre, dans de vieilles balances vert-de-grisées. Le dimanche soir, on voit des familles qui viennent avec des saladiers, et qui s’installent au bord d’un champ, pour s’y donner une indigestion de fraises. Vers neuf heures, nous arrivions à Aulnay, un hameau, quelques maisons groupées le long d’un chemin. Là, s’ouvre la célèbre Vallée aux Loups, que le séjour de Chateaubriand a illustrée. Le chemin tourne, on entre dans un véritable désert. Ce chemin a dû éventrer une carrière de sable ; à droite, à gauche, des pentes s’élèvent, tandis qu’on enfonce dans un sol jaune, d’une finesse de poussière. Mais bientôt la gorge s’élargit, des rochers se dressent, au milieu de futaies qui descendent en gradins. C’est à cet endroit,