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III


Dans les premiers temps, bien que le bois de Verrières ne soit pas très vaste, nous nous y perdions facilement. Je me souviens qu’un jour, nous étant avisés de couper par les taillis, pour arriver plus vite, nous nous trouvâmes noyés au milieu d’un tel flot de feuillages, que, pendant deux heures, nous tournâmes sur nous-mêmes, sans pouvoir nous dégager. Paul voulut monter sur un chêne, comme le petit Poucet, afin de reconnaître notre chemin ; mais il s’écorcha les jambes et ne vit que les cimes des arbres rouler sous le vent et se perdre au loin.

Je ne connais pas de bois plus charmant. Les longues avenues sont semées d’une herbe fine qui est comme un velours de soie sous les pieds. Elles aboutissent à de vastes ronds-points, à des salles de verdure, au-dessus desquelles des arbres de haute futaie, pareils à des colonnes, soutiennent des dômes de feuilles. On y marche dans un recueillement, ainsi que dans la nef d’une église. Mais je