Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/213

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préférais encore les petits sentiers, les allées étroites, qui s’enfonçaient au beau milieu des fourrés. Au bout, on apercevait le jour lointain, une tache de clarté ronde. D’autres faisaient des coudes, serpentaient dans un jour verdâtre, à l’infini. Et il y avait encore des coins adorables, des clairières avec de grands bouleaux élancés, d’une élégance blonde, avec de grands chênes majestueux, dont le défilé mettait un cortège royal le long des pelouses ; il y avait encore des talus où fleurissaient des nappes de fraisiers et de petites violettes pâles, des trous imprévus où l’on avait de l’herbe jusqu’au menton, des pentes plantées d’une débandade d’arbres qui semblaient descendre dans la plaine, comme l’avant-garde d’une armée de géants.

Parmi ces retraites, une entre autres nous avait séduits. Un matin, en battant le bois, nous étions tombés sur une mare, loin de tout chemin. C’était une mare pleine de joncs, aux eaux moussues, que nous avions appelée la « mare verte », ignorant son vrai nom ; on m’a dit depuis qu’on la nomme « la mare à Chalot ». Rarement, j’ai vu un coin plus retiré. Au-dessus de la mare, des arbres épanouissaient des jets, des bouquets, des nappes de verdure ; il y avait des verts tendres d’une légèreté de