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Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/216

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arbres, sur le ciel de pourpre, prolongeaient des colonnades ; sous les allées, il faisait nuit déjà, une nuit qui montait lentement des buissons et qui mangeait peu à peu les grands chênes. Heure solennelle du soir, frissonnante des dernières voix de la forêt, long bercement des futaies hautes, assoupissement des herbes pâmées.


IV


Quand nous sortions du bois, c’était comme un réveil. Il faisait grand jour encore sur le plateau. Nous nous retournions une dernière fois, vaguement inquiets de cette masse de ténèbres que nous laissions derrière nous. La vaste plaine, à nos pieds, s’étendait sous un air bleuâtre, qui se fonçait dans les creux et tournait au lilas. Un dernier rayon de soleil frappait un coteau lointain, pareil à un champ d’épis mûrs. Un bout argenté de la Bièvre luisait comme un galon, entre les peupliers. Cependant, nous dépassions, à droite, la Vallée aux Loups ; nous suivions le bord du plateau, jusqu’à la route de Robinson, qui dévale le long de la