Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

raît un Floche. On ne sait trop d’où il venait. Il épousa une Mahé, et dès ce moment un phénomène se produisit, les Floche prospérèrent à leur tour et se multiplièrent tellement, qu’ils finirent peu à peu par absorber les Mahé, dont le nombre diminuait, tandis que leur fortune passait aux mains des nouveaux venus. Sans doute, les Floche apportaient un sang nouveau, des organes plus vigoureux, un tempérament qui s’adaptait mieux à ce dur milieu de plein vent et de pleine mer. En tout cas, ils sont aujourd’hui les maîtres de Coqueville.

On comprend que ce déplacement du nombre et de la richesse ne se soit pas accompli sans de terribles secousses. Les Mahé et les Floche se détestent. Il y a entre eux une haine séculaire. Malgré leur déchéance, les Mahé gardent un orgueil d’anciens conquérants. En somme, ils sont les fondateurs, les ancêtres. Ils parlent avec mépris du premier Floche, un mendiant, un vagabond recueilli chez eux par pitié, et auquel leur éternel désespoir sera d’avoir donné une de leurs filles. Ce Floche, à les entendre, n’a engendré qu’une descendance de paillards et de voleurs, passant leurs nuits à faire des enfants et leurs journées à convoiter des héritages. Et il n’est pas d’injures dont