Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/294

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pousses d’un mètre. De là, nous avions visité nos blés et nos vignes, des champs achetés un par un, à mesure que la fortune venait : les blés poussaient dru, les vignes, en pleine fleur, promettaient une vendange superbe. Et Jacques riait de son bon rire, en me tapant sur l’épaule.

— Eh bien ? père, nous ne manquerons plus de pain ni de vin. Vous avez donc rencontré le bon Dieu, pour qu’il fasse maintenant pleuvoir de l’argent sur vos terres ?

Souvent, nous plaisantions entre nous de la misère passée. Jacques avait raison, je devais avoir gagné là-haut l’amitié de quelque saint ou du bon Dieu lui-même, car toutes les chances dans le pays étaient pour nous. Quand il grêlait, la grêle s’arrêtait juste au bord de nos champs. Si les vignes des voisins tombaient malades, il y avait autour des nôtres comme un mur de protection. Et cela finissait par me paraître juste. Ne faisant de mal à personne, je pensais que ce bonheur m’était dû.

En rentrant, nous avions traversé les terres que nous possédions de l’autre côté du village. Des plantations de mûriers y prenaient à merveille. Il y avait aussi des amandiers en plein rapport. Nous causions joyeusement, nous bâtissions des projets.