Aller au contenu

Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/295

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Quand nous aurions l’argent nécessaire, nous achèterions certains terrains qui devaient relier nos pièces les unes aux autres et nous faire les propriétaires de tout un coin de la commune. Les récoltes de l’année, si elles tenaient leurs promesses, allaient nous permettre de réaliser ce rêve.

Comme nous approchions de la maison, Rose, de loin, nous adressa de grands gestes, en criant :

— Arrivez donc !

C’était une de nos vaches qui venait d’avoir un veau. Cela mettait tout le monde en l’air. Tante Agathe roulait sa masse énorme. Les filles regardaient le petit. Et la naissance de cette bête semblait comme une bénédiction de plus. Nous avions dû récemment agrandir les étables, où se trouvaient près de cent têtes de bétail, des vaches, des moutons surtout, sans compter les chevaux.

— Allons, bonne journée ! m’écriai-je. Nous boirons ce soir une bouteille de vin cuit.

Cependant, Rose nous prit à l’écart et nous annonça que Gaspard, le fiancé de Véronique, était venu pour s’entendre sur le jour de la noce. Elle l’avait retenu à dîner. Gaspard, le fils aîné d’un fermier de Moranges, était un grand garçon de vingt ans, connu de tout le pays pour sa force prodigieuse ;