Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/296

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dans une fête, à Toulouse, il avait vaincu Martial, le Lion du Midi. Avec cela, bon enfant, un cœur d’or, trop timide même, et qui rougissait quand Véronique le regardait tranquillement en face.

Je priai Rose de l’appeler. Il restait au fond de la cour, à aider nos servantes, qui étendaient le linge de la lessive du trimestre. Quand il fut entré dans la salle à manger, où nous nous tenions, Jacques se tourna vers moi, en disant :

— Parlez, mon père.

— Eh bien ? dis-je, tu viens donc, mon garçon, pour que nous fixions le grand jour ?

— Oui, c’est cela, père Roubieu, répondit-il, les joues très rouges.

— Il ne faut pas rougir, mon garçon, continuai-je. Ce sera, si tu veux, pour la Sainte-Félicité, le 10 juillet. Nous sommes le 23 juin, ça ne fait pas vingt jours à attendre… Ma pauvre défunte femme s’appelait Félicité, et ça vous portera bonheur… Hein ? est-ce entendu ?

— Oui, c’est cela, le jour de la Sainte-Félicité, père Roubieu.

Et il nous allongea dans la main, à Jacques et à moi, une tape qui aurait assommé un bœuf. Puis, il embrassa Rose, en l’appelant sa mère. Ce grand garçon, aux poings terribles, aimait Véronique à