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Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/303

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s’en allèrent, pareilles à des brins de paille. Mais les eaux semblaient surtout poursuivre les fuyards. Au coude de la route, très en pente à cet endroit, elles tombèrent brusquement en une nappe immense et leur coupèrent toute retraite. Ils couraient encore cependant, éclaboussant la mare à grandes enjambées, ne criant plus, fous de terreur. Les eaux les prenaient aux genoux. Une vague énorme se jeta sur la femme qui portait l’enfant. Tout s’engouffra.

— Vite ! vite ! criai-je. Il faut rentrer… La maison est solide. Nous ne craignons rien.

Par prudence, nous nous réfugiâmes tout de suite au second étage. On fit passer les filles les premières. Je m’entêtais à ne monter que le dernier. La maison était bâtie sur un tertre, au-dessus de la route. L’eau envahissait la cour, doucement, avec un petit bruit. Nous n’étions pas très effrayés.

— Bah ! disait Jacques pour rassurer son monde, ce ne sera rien… Vous vous rappelez, mon père, en 55, l’eau est comme ça venue dans la cour. Il y en a eu un pied ; puis, elle s’en est allée.

— C’est fâcheux pour les récoltes tout de même, murmura Cyprien, à demi-voix.

— Non, non, ce ne sera rien, repris-je à mon