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Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/329

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jeta de nouveau, il retira Marie, la face d’une blancheur de cire, si raide et si immobile, que je la crus morte. Puis, il se jeta encore. Mais, cette fois, il chercha inutilement. Pierre l’avait rejoint. Tous deux se parlaient, se donnaient des indications que je n’entendais pas. Comme ils remontaient sur le toit, épuisés :

— Et tante Agathe ! criai-je, et Jacques ! et Rose !

Ils secouèrent la tête. De grosses larmes roulaient dans leurs yeux. Aux quelques mots qu’ils me dirent, je compris que Jacques avait eu la tête fracassée par le heurt d’une poutre. Rose s’était cramponnée au cadavre de son mari, qui l’avait emportée. Tante Agathe n’avait pas reparu. Nous pensâmes que son corps, poussé par le courant, était entré dans la maison, au-dessous de nous, par une fenêtre ouverte.

Et, me soulevant, je regardai vers la toiture où Aimée se cramponnait quelques minutes auparavant. Mais l’eau montait toujours. Aimée ne hurlait plus. J’aperçus seulement ses deux bras raidis, qu’elle levait pour tenir ses enfants hors de l’eau. Puis, tout s’abîma, la nappe se referma, sous la lueur dormante de la lune.