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V


Nous n’étions plus que cinq sur le toit. L’eau nous laissait à peine une étroite bande libre, le long du faîtage. Une des cheminées venait d’être emportée. Il nous fallut soulever Véronique et Marie évanouies, les tenir presque debout, pour que le flot ne leur mouillât pas les jambes. Elles reprirent enfin connaissance, et notre angoisse s’accrut, à les voir trempées, frissonnantes, crier de nouveau qu’elles ne voulaient pas mourir. Nous les rassurions comme on rassure les enfants, en leur disant qu’elles ne mouraient pas, que nous empêcherions bien la mort de les prendre. Mais elles ne nous croyaient plus, elles savaient bien qu’elles allaient mourir. Et, chaque fois que ce mot « mourir » tombait comme un glas, leurs dents claquaient, une angoisse les jetait au cou l’une de l’autre.