Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/43

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— Ma chérie, je te les apporterai demain, reprenait le capitaine d’une voix suppliante. Aujourd’hui, je n’ai pas pu… Tu sais que je tiens toujours mes promesses.

— Non, donne-moi trois francs, ou tu vas redescendre.

Elle devait être déshabillée déjà, assise sur le bord de son lit de sangles, car le lit craquait à chacun de ses mouvements. Le capitaine, debout, piétinait. Il s’approcha.

— Sois gentille. Fais-moi de la place.

— Veux-tu me laisser ! cria Rose de sa voix mauvaise. J’appelle, je dis tout à la vieille, en bas… Quand tu m’auras donné trois francs !

Et elle ne sortait pas de ses trois francs, comme une bête têtue qui refuse de passer.

Burle se fâcha, pleura ; puis, pour l’attendrir, il sortit de sa poche un pot de confiture, qu’il avait pris dans l’armoire de sa mère. Rose l’accepta, se mit tout de suite à le vider, sans pain, avec le manche d’une fourchette qui traînait sur sa commode. C’était très bon. Mais, quand le capitaine crut l’avoir conquise, elle le repoussa du même geste obstiné.

— Je m’en fiche de ta confiture !… C’est les trois francs qu’il me faut !